12 déc. 2012

Trappes à pauvreté


Sur son blog, Greg Mankiw publie un extrait d’un reportage de Forbes intitulé "In France's Welfare State Status Quo, Are We Seeing America's Future?”. Et de titrer son billet : The poverty trap in France.

D’après le journaliste, une mère de famille célibataire, avec deux enfants de 6 à 10 ans, gagnerait à peine moins sans travailler qu’en travaillant à plein temps et au SMIC. Problème : le journaliste s’est trompé dans ses calculs. D’un côté, il surestime le RSA de 240 €, en omettant de déduire le forfait logement et les allocations familiales (*). De l’autre côté, il sous-estime le revenu de la smicarde de 230 €, faute de prendre en compte la prime pour l’emploi et le RSA activité.

Une fois les corrections effectuées, l’écart entre les deux situations n’est plus de 130 € (170$) mais de 603 (784$) ! Au Smic et à temps plein, cette femme gagnerait immédiatement 54 % de plus qu’au RSA sans travailler. Bref, l'exemple donné constitue une mauvaise illustration de la trappe à pauvreté. Ce qui n'absout pas pour autant le système social français.

Une mère de famille avec 2 enfants de 6 et 10 ans, vivant à Nantes dans un trois pièces (loyer : 500 €)

En € par mois
Situation 1
Sans emploi
Situation 2
Temps plein au SMIC
Salaire net
0
1116
Impôts et PPE
0
+ 71
Allocations familiales
127
127
Allocations de rentrée scolaire
59
59
Allocations logement
425
305
RSA socle
587
0
RSA activité
0
163
Revenu disponible
1198
1841
Ecart S2/S1
+ 643 € soit + 54 %

(*) les chiffres donnés sur le site RSA.com correspondent au RSA sans revenu, soit 854 euros. Pour le calcul définitif, il faut déduire la déduction forfaitaire logement (141 euros) et les allocations familiales (127 euros, qui sont comptabilisées dans les ressources du foyer). Ce qui nous laisse 587 euros. C'est aussi le chiffre donné par le calculateur en ligne de la CAF.


Nb : pour plus de réalisme, on pourrait prendre en compte l’exonération de la taxe d’habitation, les aides sociales locales (eg, gratuité de la cantine ou des transports en commun). Mais, de leur côté, les Smicards bénéficient généralement de quelques primes (eg, 13ème mois) et de menus avantages en nature. 

2 commentaires:

Jorack le chauve a dit…

Mais la trappe à pauvreté concerne justemment le cas où la personne gagne le SMIC et rien de plus (pas de prime ou d'avantages en nature). De plus, bien souvent, avoir un emploi induit quelques coûts en plus (déplacements, notamment).

Anonyme a dit…

Travailler coûte.
Cantine pour les enfants, transport, vêtements pour aller travailler, repas de midi, garde des enfants...etc.
Rien que la cantine pour deux enfants c'est 70 euros de plus par mois qu'un repas à la maison.

Il faut compter aussi avec les aides annexes ( l'assistante sociale qui paye la facture EDF, les associations, les réductions diverses ...etc) Si tu as un boulot : c'est fini tout ça !

Et puis fatigue, éducation des enfants moins attentive ( suivre les devoirs quand on rentre crevée à 19 h)

C'est sans appel: le choix de ne pas travailler au SMIC est le plus cohérent....malheureusement.
Financièrement mais également en terme de qualité de vie.